jeudi 24 novembre 2011

Et chasser le naturel… !

Il parait que l’habitude est une seconde nature et cet adage et maxime populaires ont tendance à se vérifier dans notre paysage médiatique. En ces temps qui courent, nous assistons chez nos pseudo-journalistes à la floraison et au regain de la médiocratie que nous croyons avoir bannie à jamais avec le départ de Ben Ali et consorts. 
Mais il s’avère qu’elle avait réellement la peau très dure. Ces mêmes journalistes qui avaient pris l’habitude aux temps révolus de la dictature d’obéir au diktat des maitres, de jouer les béni-oui-oui, d’applaudir les discours scatologiques de nos ignares, de bénir à tour de bras leurs errements et leurs folies, ont gardé leurs mêmes réflexes aujourd’hui. Ils félicitent, ils approuvent, ils acclament les nouveaux gouvernants bien avant même que ces derniers ne retroussent leurs manches et se mettent au travail. 
Le ton était déjà donné et l’illustration faite ces derniers jours, lors de la présentation à la Presse de l’accord du partage du pouvoir formalisé sur les candidatures devant occuper les premières loges de l’Etat de la Tunisie post révolutionnaire. L’applaudimètre a bien fonctionné et les candidats qui n’attendaient pas autant ont été bien servis. Vulgairement cela s’appelle retournement de vestes, de chemises ou je ne sais de quoi encore. Cela m’a fait rappeler les moments sombres du régime déchu. 
Malgré tout, je veux leur rendre un grand hommage et mon témoignage de respect car ils se sont révélés d’éminents philosophes à l’image de Descartes en développant à l’occasion leur propre Cogito « j’applaudis donc je suis ! ». Une affirmation de leur égo en tant que fondement de leur personnalité. Cette attitude d’acquiescer ou de caresser dans le sens du poil est transmise selon moi par les gènes à travers plusieurs générations. Mes excuses M. Mendel, père fondateur de la Génétique. Messieurs, moins de médiocrité et d’opportunisme et plus d’honnêteté et de probité intellectuelle. Votre premier rôle ne serait-il pas de rapporter objectivement des faits dans le but d’informer et votre profession n’aurait-elle pas été qualifiée de 4ème pouvoir ? Utilisons à bon escient le nouveau concept Médiacratie (pouvoir et souveraineté des médias) à la mode de nos jours, mais pour cela faisons notre propre Révolution. On ne peut faire du neuf avec ces mêmes méthodes. 

mardi 15 novembre 2011

Le Calife des temps modernes !

Dans un passé très proche et échéance électorale oblige, Ennahdha n’appréciait pas beaucoup le discours et les gestes provocateurs, qui selon lui ne faisait que mettre de l’huile sur le feu. Il fallait arriver à la constituante coûte que coûte,  à moindre frais et sans coup férir. Leur réaction mitigée après la projection du film de Nadia El Feni et la programmation de Perspolis sur Nesma TV ne peut que confirmer cette thèse.
Nos futurs gouvernants ont toujours cultivé le trouble, l’ambiguïté et prêché la non transparence. Ils n’ont pas cette honnêteté intellectuelle pour exprimer clairement le fond de leur pensée sauf pour certaines occasions,  faisant étalage de leurs manœuvres politiciennes sournoises. Hamadi Jbali, candidat déclaré d’Ennahdha pour occuper les premières loges du pouvoir, appelle à l’instauration du sixième Califat en Tunisie républicaine. Provocation, calculs politiques, lapsus linguae pour signifier 2ème république ou connivence douteuse avec l’aile radicale du mouvement. C’est tout cela à la fois. Un ballon d’essai à haut risque pour jauger une réaction qui tarde à venir de la part de toute une société sous le choc et en profonde léthargie.
 Ces déclarations et ces dérives devront servir de détonateurs à une crise larvée que va vivre notre pays dans les prochaines semaines.
Avant de prendre les rênes, et au lieu d’accumuler bévues et errements, H. Jebali aura besoin de tout le savoir- faire du vieux routier pour gérer un pays qui va de mal en pis. L’exil ou la prison ont eu raison de lui. Ils l’ont complètement  déconnecté de la réalité du pays qu’il va gouverner. Il a tout intérêt maintenant à avoir l’expérience requise pour la gestion des affaires de la Nation. Maintenant après les divagations de notre futur Calife, on ne peut qu'espérer qu'à chaque chose malheur est bon.

vendredi 4 novembre 2011

Rien de pire que la certitude d’avoir raison


Nos futurs gouvernants ou plutôt nos nouveaux théoriciens croient dur comme fer que le bilinguisme est une pollution linguistique et que si on n’est pas fier de sa langue, on ne peut être fier de sa patrie. C’est tout simplement odieux, ignoble et abjecte de la part d’une classe politique censée prendre les rênes d’une Tunisie tournée depuis des millénaires vers les autres cultures, civilisations vu sa position géographique enviable.
Cette singularité n’a-t-elle pas été renforcée par un système éducatif axé sur l’apprentissage des langues étrangères, vecteurs essentiels pour la transmission du savoir et des valeurs universels  telles que la science, la technologie, la tolérance, l’acceptation de l’autre ?
Mesdames et messieurs les élus de la nation, après les déclarations tonitruantes teintées de triomphalisme du Cheikh Ghannouchi, voulez-vous nous expliquer en quoi consiste précisément la pollution linguistique ? Une question qui me taraude depuis quelques jours.
 Du purisme linguistique à la pureté de la race il n’y a qu’un pas. La recherche de telles chimères ou illusions ont mené à des catastrophes que l’humanité n’est pas prête à oublier.
Une langue n’est-elle pas le résultat d’éternels mariages et aller retour ?
Un dictionnaire français aurait-il banni des termes empruntés à l’arabe ?
Même les Le Pen n’ont jamais défendu une telle absurdité. Notre parler quotidien et vocabulaire est un vrai brassage et une grande ouverture sur le vaste monde adaptés aux nouvelles technologies dont est faite notre vie de tous les jours. Je ne suis pas ici pour défendre la langue française, mais force est de reconnaitre que le bilinguisme est une richesse par les temps de mondialisation qui sont les nôtres.
De grâce, mesdames et messieurs les élus ne ratez pas ce RDV avec l’Histoire. Ne perdez pas votre temps et le nôtre dans des discussions qui creuseraient davantage notre retard. Montrez au monde entier que la religion musulmane n’est pas incompatible avec le progrès et la démocratie. Votre échec signera la mort du Printemps arabe mais aussi la régression de tous les peuples arabo-musulmans. Pas de Tunisie repliée sur elle-même, préoccupée par des questions identitaires en confrontation permanente avec les autres cultures. Tout autre choix ne fera que diviser tragiquement notre peuple entre conservateurs et modernistes. Aurions-nous besoin de développer un esprit clanique au sein de la société,  après une révolution pour la Dignité, la Démocratie, une République de Liberté et d’égalité des chances pour tous les Tunisiens.