Nos futurs gouvernants ou plutôt nos nouveaux théoriciens
croient dur comme fer que le bilinguisme est une pollution linguistique et que
si on n’est pas fier de sa langue, on ne peut être fier de sa patrie. C’est
tout simplement odieux, ignoble et abjecte de la part d’une classe politique
censée prendre les rênes d’une Tunisie tournée depuis des millénaires vers les
autres cultures, civilisations vu sa position géographique enviable.
Cette singularité n’a-t-elle pas été renforcée par un
système éducatif axé sur l’apprentissage des langues étrangères, vecteurs
essentiels pour la transmission du savoir et des valeurs universels telles que la science, la technologie, la
tolérance, l’acceptation de l’autre ?
Mesdames et messieurs les élus de la nation, après les déclarations
tonitruantes teintées de triomphalisme du Cheikh Ghannouchi, voulez-vous nous
expliquer en quoi consiste précisément la pollution linguistique ? Une
question qui me taraude depuis quelques jours.
Du purisme linguistique
à la pureté de la race il n’y a qu’un pas. La recherche de telles chimères ou
illusions ont mené à des catastrophes que l’humanité n’est pas prête à oublier.
Une langue n’est-elle pas le résultat d’éternels mariages et
aller retour ?
Un dictionnaire français aurait-il banni des termes
empruntés à l’arabe ?
Même les Le Pen n’ont jamais défendu une telle absurdité.
Notre parler quotidien et vocabulaire est un vrai brassage et une grande
ouverture sur le vaste monde adaptés aux nouvelles technologies dont est faite
notre vie de tous les jours. Je ne suis pas ici pour défendre la langue
française, mais force est de reconnaitre que le bilinguisme est une richesse
par les temps de mondialisation qui sont les nôtres.
De grâce, mesdames et messieurs les élus ne ratez pas ce RDV
avec l’Histoire. Ne perdez pas votre temps et le nôtre dans des discussions qui
creuseraient davantage notre retard. Montrez au monde entier que la religion
musulmane n’est pas incompatible avec le progrès et la démocratie. Votre échec
signera la mort du Printemps arabe mais aussi la régression de tous les peuples
arabo-musulmans. Pas de Tunisie repliée sur elle-même, préoccupée par des
questions identitaires en confrontation permanente avec les autres cultures.
Tout autre choix ne fera que diviser tragiquement notre peuple entre
conservateurs et modernistes. Aurions-nous besoin de développer un esprit
clanique au sein de la société, après
une révolution pour la Dignité, la Démocratie, une République de Liberté et
d’égalité des chances pour tous les Tunisiens.
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