mardi 28 juin 2011

Ni foi ... Ni loi ... Intolérance, ignorance et mauvaise foi quand vous nous prenez


Alors que la polémique sur la "Tunisie  Laïque" voit un certain relâche, et pour cause d'autres problèmes plus importants sont a l'ordre du jour ... La toile elle, s’enflamme depuis 2 jours ... Et pour cause, le film tant controversé de la cinéaste franco-tunisienne Nadia El Fani "Ni Dieu .. Ni maitre" a été projeté a la salle de cinéma AfricArt, dans un contexte de débat sur la laïcité. Un évènement organisé par La ligue Arabe des droits de l'homme en collaboration avec le mouvement associatif "Lam Echaml". Le film a pour objet de sensibiliser les tunisiens, a la laïcité. Ce qui a bien évidement provoquer la colère de certains extrémistes partisans du parti non déclaré "Hezb Ettahrir" (que je méprise et que j'aurai plus tendance a qualifier de Hezb Ettkaarir).

Dans un pays qui se veut en transition démocratique, et dont les jeunes ont combattu pour la liberté d'expression dans un premier temps, ainsi que pour plusieurs autres libertés (bien que liberté ne peut se mettre au pluriel), on voit des pages fuser de partout sur facebook, des insultes jaillir de tous les cotés, et une intolérance plus que criarde.

La page en question compte plus de 4000 adhérents, tous contre le film, ce monstre qui profane notre religion. Mais en essayant de voir autour de moi le nombre de personnes ayants effectivement vu le film ou même juste s'informer de son contenu, pour juger de ses propos, et bien, tenez vous, 0% l'ont vu et 100% condamnent et le film et la cinéaste. Tous sans exception, sont des défenseurs de la religion, tous connaissent les dessous de notre religion mais personne n'a l'air de se rappeler que la religion musulmane est avant tout "pacifiste", que la religion musulmane est "tolérante".

Le film défend la laïcité, qui est perçue dans cette société comme de l’athéisme, le film n'est pas une propagande contre l'islam, mais il défend une idée, ni plus ni moins, il ne fait en aucun cas allusion a l'islam, encore moins a sa profanation.

Mais non ... Chez nous on aime bien attaquer, insulter, rabaisser, cultiver la haine, avant de prendre la peine de voir plus clair, avant de prendre la peine de s'informer ... Non, on doit absolument tout condamner, tout interdire selon les goûts des uns et des autres ...  C’était le prono (ce monstre qui risque de déstabiliser nos petits enfants innocents) maintenant au tour de la liberté culturelle, on est surement sur le chemin de la démocratie BenAliste, le seul souci c'est que cette fois-ci c'est le peuple qui fera sa perte ... Le prochain a prendre le pays en main, n'aura qu'a s'installer, le peuple aura déjà préparé le terrain de la dictature.

Et bien évidement  les partis politiques n'ont fait que condamner les actes barbares qui ont eu lieu, aucun n'a parlé du film et de son contenu pour calmer certains esprits frustrés mais tellement bêtes.

Dieu a dit au prophète Mohamed (SAAWS): "Ikraa"

Défenseurs de la foi (qui n'a pas besoin d’être défendue surtout dans un pays ou 95% de la population est musulmane sunnite) lisez, informez-vous et soyez plus intelligents avant de faire endoctrinez par des extrémistes sans foi ni loi qui croient que Dieu a besoin d'hommes pour le défendre sur terre ou que l'Islam a besoin d'eux pour l'affirmer sur une terre et au sein d'une société qui s'en sont d'ores et déjà imprégnés depuis des décennies.

Soyez respectables, respectez autrui, et vous serez respectez ...

LC - Je perd espoir. 

jeudi 23 juin 2011

Histoires à lire avec modération


1/ Piètre retrait         
La discussion d’une loi réglementant le financement des partis politiques a suscité une levée de boucliers de la part de certains partis peu regardants sur la provenance de l’argent dont ils disposent. Rien n’empêchait  la Haute Instance de se pencher sur une question aussi cruciale. Résultat : tergiversations chez les uns, mutisme absolu chez les autres, avec un retrait de la Haute Instance pour les ultras.
J’ai toujours pensé qu’une démocratie se construit au quotidien au fil des jours et qu’il est judicieux de discuter et de poser les règles d’un jeu démocratique la veille d’une élection aussi déterminante pour le devenir de notre pays. Refuser de s’inscrire dans cette logique dénote premièrement  qu’une révolution mentale chez ceux qui refusent la transparence serait salutaire pour leur survie et deuxièmement comprendre que, même  si les performances électorales sont tributaires et conditionnées par la capacité et l’habilité à drainer l’argent, cela aura pour corollaire de nous éloigner de l’objectif majeur de cette révolution qui est l’instauration de la démocratie et nous mener directement à une ploutocratie, chose  que bannit toute une jeunesse.
2/ l’Hirondelle fera-elle le printemps ?
Je peux nourrir un espoir légitime de voir une Tunisie libre, démocratique et débarrassée des forfaitures commises sous l’ancien régime où les pouvoirs sont distincts, autonomes et souverains. Ce n’est nullement un vœu pieux malgré toutes les tentatives de certains ne tirant pas dans le sens de l’Histoire et un environnement quotidien qui n’appelle pas à un grand optimisme.la Tunisie est à présent en phase avec le monde moderne et porteuse à nouveau de sens après le 14 Janvier . Mais hélas sera-t-elle un exemple unique avec l’Egypte à avoir tenté et surtout réussi leurs examens de passage ? Rien n’est encore gagné.la démocratie et la révolution sont des processus lents et se construisent sur le moyen et long termes.
Nous assistons aujourd’hui dans le Monde arabe à une expérience révolutionnaire qui a sombré dans des guerres civiles dont personne ne peut prédire l’issue et  à une classe politique dirigeante avide et insatiable, prête à tout sacrifier pour s’agripper au pouvoir. On dit que l’Histoire est un éternel recommencement. Cela me fait penser à Néron, un certain empereur Romain…  
Mehdi Ayadi

Un flou artistique: bonjour les dégâts

Le climat social est en effervescence.Et pour cause.Le procès du dictateur.Une situation à ne plus rien voir.Entre des ultras qui demandent des têtes à n'importe quel prix et par n'importe quel moyen,d'autres qui se posent des questions quant à un procès dont les charges retenues sont futiles par rapport à d'autres accusations plus accablantes non retenues pour le moment ou passées sous silence.Une autre frange de la société faisant contre mauvaise fortune bon cœur prenant son mal en patience,espérant de voir une justice indépendante et équitable appliquée non seulement à un dictateur et une famille en fuite,mais surtout à ses acolytes en Tunisie et principalement ceux qui ont commis des malversations et des détournements des deniers publics.
Notre classe politique,opposition incluse,est en hibernation observant un mutisme assourdissant.Presque pas de communiqués,rarement des commentaires et prises de position.Oui me dit-on,justice souveraine,pas d'interférences,laissons-la faire son travail.Une attitude mal comprise par les uns,mais échéances électorales obligent renchérissent les autres.Pour des partis en campagne,encore à la recherche d'un électorat insaisissable et volatil ne devant courir aucun risque de froisser tel faiseurs d'opinion,tel corps de métiers,ou tout simplement toute personne lambda susceptible d'apporter son soutien ou sa voix.Beau calcul.Ajoutons à ce tableau,des procès qui s'ouvrent d'ici et là à l'encontre d'individus ayant commis des fautes,des négligences et des manquements dans l'exercice de leurs fonctions.Oui à l'application de la loi,mais aussi personne sous quel prétexte que ce soit ne doit y échapper.
Je n'oserais pas dire ni penser que nous vivons sous un régime ploutocratique où les riches sont au dessus de la loi.Cette idée peut effleurer certains esprits.Sinon où sont les gens qui possèdent des comptes bien fournis en Suisse ou ailleurs impunément libres?Les satrapes qui se sont enrichis frauduleusement jouissant d'une très grande liberté de manœuvres dans tous les rouages de l'économie?Où sont tous ceux qui ont donné l'ordre de tuer et qui se la coulent douce?Ceux qui ont été les protégés du pouvoir qui se sont servi au lieu de servir?Tant de questions restées sans réponses.
Le procès du dictateur a bien eu lieu,mais celui de la dictature tarde à venir.Est-ce qu'il n'y a pas tentative ou volonté de noyer le poisson?
Je pose une seule et unique question: à qui ou à quoi tout cela profite,et quelles en sont les conséquences?Spéculations,enchères,défiance et pourquoi pas appel à la haine et la fracture sociale.Bel avenir pour le pays.Beaux legs pour une jeunesse si généreuse qui mérite plus que ça.La révolution n'étant pas faite pour une telle issue et enfanter un monstre.

Mehdi Ayadi

ما نغطيوش عين الشمس بالغربال ...



Sommes nous devenus étrangers a nous mêmes ? 
Avons-nous oublié nos origines et notre histoire ? 
Sommes-nous aussi stupides et vides d'esprit pour polémiquer sur des faits réels et qui ne demandent aucune polémique ? 


Avons-nous besoin de nous diviser nous mêmes encore et encore pour un oui ou pour un non ? 


Je lis un peu partout sur la toile, les différents débats stériles sur l’existence ou pas de la population Amazigh. 


Je me demande alors, pourquoi une telle polémique ? La réponse est tellement évidente qu'elle ne demande pas autant de désaccord. Des menaces de mort, des mots blessants, des propos innapropriés... 


La population amazigh a toujours existé et elle existera encore pour longtemps, pour la simple et bonne raison, que chacun d'entre nous en porte les gênes. Nous ne sommes pas d'origine arabe, nous ne sommes pas d’origine musulmane. D'ailleurs il n'existe pas d’origine musulmane, ce n'est qu'une croyance, un culte, pas une origine ou une ethnie. 


Et pourquoi parler d’ethnie ? Nous sommes un peuple, amazigh, byzantin, romain, ottoman, arabe, hébreu ...


Nous sommes 3000 ans d'histoire et de culture. Nous sommes tout ça ... Pourquoi vouloir nous réduire a une origine quelconque ? 


Nous sommes peut être le seul peuple arabe (aujourd'hui), qui soit "homogène", les pays du moyen orient et autres pays de l'Afrique du Nord, ne croient toujours pas que la Tunisie, est faite de Tunisiens suintes pour la majorité, d'une minorité juive et de toute sorte d'autres croyances, mais avec ça, nous n'avons jamais eu une quelconque guerre ethnique ou religieuse. 

Pourquoi vouloir détruire cette force pour de futiles histoires d'origines et de croyances ?


Cette union, et ce respect (qui tendent a disparaître depuis le 14 janvier malheureusement), sont un acquis que nous devons a jamais garder dans notre culture et notre façon de concevoir l'avenir de pays. 



Nous avons voulu mettre fin a la dictature (qui est toujours la), pour améliorer ce que nous sommes, parce que nous voulons vivre libres, dignes et surtout au sein d'une démocratie. Cette dictature encore en place, tend a plaire a certains, qui se disaient "victimes" de l'ancien régime, et qui veulent par tous les moyens, mettre de l'huile sur le feu, pour gagner encore plus de terrain. 


Arrêtons de nous faire bassiner par tous les moyens. Nous sommes tous capables de réfléchir avec notre tête et de décider de ce qui est bon ou pas pour nous.
Nous sommes tous capables de décider de ce qui est bon pour le pays. Personne n'a besoin d'imposer sa loi ou sa vision des choses, une démocratie c'est quand tout le monde peut cohabiter et vivre ensemble peu importe les origines, les croyances ou les choix politiques. 



Amazigh nous sommes, phéniciens nous deviendrons, romains nous régnerons, byzantins nous nous bâterons, arabes nous finissons ... Musulmans et juifs, athées et déistes. Mais au final nous sommes Tunisiens, riches héritiers de 3000 ans d'histoire et de passé, préservons-les.  


LC - Amazigh, Phénicienne, Romaine, Byzantine, Arabe, Ottomane, Tunisienne. 




dimanche 19 juin 2011

On avait dit "Yaamel Allah fel retour" ... J - 7 Derby Retour !


On m’a toujours raconté ces victoires. On m’a raconté cette ambiance. On m’a raconté ces larmes et ces cries de joie.

On m’a raconté un passé glorieux … Un passé comblé de rires, de coupes, de championnats, de titres et de médailles.

On m’a raconté des noms, des légendes. On m’a raconté le passé construit par des hommes, des vrais.

On m’a raconté un virage, une enceinte et une tribune. On m’a raconté une ambiance, un désordre et une injustice. On m’a raconté des flammes, des drapeaux et de étendards. 

On m’a raconté une Curva Nord. 

J’ai vu de mes yeux, une fierté affichée sur tous les visages. J’ai été témoin d’une histoire qui s’inscrivait en lettres d’or, sur des pages pas toujours roses, et souvent noires. J’ai eu des larmes, de joie ou de tristesse. J’ai eu des cries de bonheur et de détresse.

J’ai vu des légendes se créer, des hommes se construire, des hommes nous nuire.

Je raconterai mon présent qui deviendra passé. Je raconterai un passé accablé de douleurs et rempli de dignité. Je raconterai ces hommes devenus mythes. 

Je raconterai ces cries qui résonnaient dans une enceinte pas toujours libre mais toujours combattive.

Je raconterai une Curva ornée de messages, signe de combat, de justice, contre une répression et une injustice.

Je raconterai Attouga le gardien de tous les temps, Mounir Kebaili buteur de l’ultime première rencontre des frères ennemis, les frères Sellimi et leurs prouesses, Hassan Baayou et ses 9 buts, des noms inoubliables et O combien nombreux … A cette longue lignée de mythes et de légendes, je raconterai l’histoire de cet enfant  qui fait son chemin, dont le nom restera gravé sur les bancs de cette école. Wissem Ben Yahya, Golden Boy, un N13 hors paire et que le public clubiste honorera pour encore longtemps.

Outre le départ de cet enfant, la victoire des handballeurs, la qualification du CA pour la phase des poules en Coupe de la CAF, un dernier événement certainement le plus stressant pour la plus part d’entre nous nous attend … Le Derby.

Et quel derby !

A J-7 rien que de prononcer ces 3 syllabes, nous donne la chaire de poule, des crampes d’estomac, un rythme cardiaque qui s’accélère. On croirait avoir une tachycardie.

7 jours c’est  beaucoup, oui. Surtout une semaine de Derby. Dans les conditions actuelles des choses, ou aucun de nous ne pourra assister au match, personne ne pourra se défouler sur place, pousser son équipe, crier pour évacuer un stress ou une crainte.

Un derby cette fois ci sous les commandes de Monsieur Faouzi Benzarti. L’homme qui a mené l’EST en finale de CL mais qui n’a jamais réussi a vaincre le CA au derby en 2 saisons. Lui qui a formé la base de cette équipe espérantiste actuelle.

Comment va-t-il mener cette barque ? Saura-t-il nous apporter ce plus pour rompre la série de nuls au derby depuis 2 saisons ?
Suites aux multiples blessures survenues au sein des notre, retrouva-t-on les Dhaouadi, Mouihbi sur la ligne de départ ? Verra-t-on un Ezeichel concentré et décisif ? 

5 ans sans défaite … 2 ans sans victoires … Mais surtout 5 ans avec les mêmes joueurs a quelques exceptions près. Certains sont parti, d’autres sont venus, mais le noyau est la … La base est la … La rage de vaincre en endossant ce maillot, nous le souhaitons aussi sera présente pour ce dernier match important de la saison sur le plan national.

Outre les détails techniques reliés a ce match, le coté émotionnel est aussi important. C’est sans nul doute un des facteurs décisifs durant ces matchs à haute tension.

Le CA joue sans pression apparente, ayant d’ores et déjà clôt sa saison sur le plan national, ce match n’est qu’un match à gagner pour la gloire. Etant classé 8 eme, avec un match en retard, le CA ne s’attend plus a rien de ce championnat, encore moins son public. Mais qu’on soit premiers, derniers ou 8 eme un derby est un derby. Peu importe l’enjeu, le derby est un enjeu en soi.

Nos frères ennemis par contre, ont du souci a se faire, premiers du classement avec 2 points d’écart avec l’ESS. Ce match peut tout fausser en cas de défaite et permettre a l’ESS de passer premiers a quelque journées de la fin du championnat.

Devrions nous avoir peur des anciennes méthodes douteuses de cette équipe ??
Devrions-nous faire pression afin de ne pas se retrouver devant une des scènes dont nous avons été témoins auparavant ?

Les perpétuelles questions et questionnements la veille d’un derby… Mais …

Un derby se joue sur terrain … Un derby se joue aussi dans les gradins … 

Malheureusement, ce ne sera pas le cas pour ce match retour … Les conditions ne le permettent pas … Mais tout le monde nous connait … Huis clos ou pas, nos hommes seront la et notre âme envahira ces gradins, on entendra dans le son du vent, nos chants, nous verrons nos flammes et nous gagnerons avec l’aide de dieu.

Que chacun remettent ses pendules a l’heure, le derby c’est dans une semaine.

Article écrit pour les AW95 (revisité) 

La Clubiste - L'amour de ce club n'est comparable a aucun autre.  

Nouvelle ère ... Nouveau titre ...




Supporters heureux, supporters joyeux, supporters comblés par un titre. Mais un titre amer, pour des supporters qui n’ont que pour raison de vivre ces couleurs clinquantes dans l’ombre, des couleurs scintillantes dans l’obscurité d’une ère révolue depuis le 14 janvier.



Nous sommes heureux pour ce titre, nous sommes heureux pour cette victoire, la première après le souffle de liberté qu’a connu notre nation. Mais nous voulions tellement que nos cries, nos chants, nos étendards et nos drapeaux, volent haut dans cette salle vide, ou se tenait une finale serrée entre deux légendes du sport tunisien.


Hier nous avons vu l’histoire s’écrire, en lettre d’or, couronnées de stress, d’adrénaline. Il fallait avoir les nerfs solides. Il fallait se montrer patient. Nous avons prié, nous avons craqué, nous avons eu peur, et nous avons enfin été libérés.


Nous avons été témoins d’une coupe méritée dans la dignité et la beauté de jouer, vaincre et convaincre.


Ce matin encore, je regarde ces photos, d’une coupe en acier, au centre d’une bande qu’on aurait cru folle alliée. Mais cette bande image de guerriers, qui n’ont pas relâchés pendant plus de 2h30, durant une partie que trop serrée, sous le signe d’une course vers un titre très disputé. Un match qu’on priait voir se solder à toutes les secondes, mais le destin en a voulu autrement avec des nuls a répétitions jusqu'à la dernière seconde des prolongations.


Il n’y a rien à dire mis a part, « mabrouk » à ces hommes qui ont travaillé pour cette coupe toute une saison qui n’a pas été facile. « Mabrouk » à ce public qui aurait certes voulu fêter le titre dans l’enceinte de cette salle vide. Et enfin que ce titre soit le début de beaucoup d’autres dans une ère de liberté, et de dignité.
La Clubiste - L'amour de ce club n'est comparable a aucun autre. 

samedi 11 juin 2011

Voyeurisme ... Passion aveugle du Tunisien ... Opium du peuple n'est plus football.


On pensait l’obsession du tunisien pour les futilités et autres histoires insignifiantes, révolu depuis quelques mois … On le pensait uniquement …

Le Tunisien nous a encore une fois démontré qu’il était encore et toujours aussi superficiel qu’avant.

Une autre vidéo a été lâchée sur le net hier soir, accompagnée d’une photo.

La vidéo selon son titre (je ne l’ai personnellement pas vue) mettrait en scène un des voyages du président déchu aux états unis avec sa famille.

Ma question :

Quel intérêt aurait le tunisien à partager 36000 fois dans la seconde, la vidéo du président déchu saoul ?

Ne s’est-il jamais lui-même retrouvé dans de tels états ?

Quel intérêt aurait le tunisien à vouloir coute que coute répandre de tels souvenirs de famille ?

N’a-t-il pas lui-même des vidéos semblables voire pires ?

Regarder ces videos et photos, nous apporte-t-il quelque chose de plus dans nos vies? En les répandant sur le net et les partageant par milliers, verrons nous son argent restitué au pays ? Verrons nous les injustices causées par sa famille réparées ?

Non.

Si ca avait un quelconque intérêt pour nous, tunisiens, je serai la première a vouloir les regarder, les répandre et les partager. Le tunisien est déjà assez vide d’esprit comme ca (je ne veux pas généraliser) et il le prouve de jour en jour. Quand le jeune Oussama s’est fait violer au ministère de l’intérieur, ils n’étaient pas vraiment nombreux a condamner ce crime, ils n’étaient pas nombreux a dévoiler les dessous de cette histoire pourtant importante.
Quand un jeune homme de 22 ans se voit abuser, la majorité s’en fout.

Quand un petit garçon de 12 ans se fait tabasser par la police, ils ne sont pas nombreux a se poser des questions encore moins a partager les photos de son agression. Par contre quand il s’agit d’une video sans intérêt d’un président avec sa famille et qui aujourd’hui est a milles lieux de nous, le tunisien est le premier à les partager, les commenter, les décortiquer a croire que ça
 changerait quelque chose ou encore mieux que ça nous avancerait dans notre quête de la démocratie, la quête de l’équilibre, la quête de la vérité, mais pas celle la. La vérité a propos de ce qui se trame au sein de ce gouvernement !  

Ils adorent les ragots a deux balles, un soit disant « majordome » qui nous écrit un bouquin, et qui nous parle de l’adultère de Leila, de la réaction de Zaba, de la « dirty life » de cette famille qui qu’on le veuille ou pas ordinaire, qui a les mêmes problèmes que nos familles.
Un « majordome » qui n’en est rien. Un majordome qui n’était la que pour faire la plonge au la palais. Mais que certains ont élevé au rang de majordome pour leurs intérêts. 


On peut faire croire ce que l’on veut a certains (majoritaires) tunisiens. Surtout quand il s’agit de sujets se rapportant a la vie privée et principalement quand il y a du « dirt » au menu.

Pauvre tunisien, je te plains. Croire tout ce qu’on te raconte… Tu ne sais pas que c’est tout un travail qui se fait en amont et que toutes ses images ne sont pas lancées gratuitement sur le net. Un « majordome » qui n’est que plongeur, un livre qui se vendra comme des petits pains juste parce qu’on y lit les ébats sexuels de Leila, le manque de « rjoulia » de Zaba (on pourra encore plus l'insulter.)

Oui ça nous résume de qu’est le tunisien …


Je lance une question ouverte :

Combien savent qui est Oussama Achouri et ce qui a pu lui arriver ?
Et,
Combien savent ce qui se passe avec les détails dans la dernière video sur la vie privée de Zaba ?

La réponse ne me surprendra pas, alors la pas du tout … Ce peuple, ce peuple, ce peuple, que les occidentaux surestiment, me dégoûte de jour en jour.

L.C – Cette fois-ci grande admiratrice de la connerie tunisienne. 

jeudi 9 juin 2011

Faire du neuf avec du vieux: une entreprise mort-née

Sur la scène politique, nous assistons actuellement et de plus en plus à la floraison de partis qui se réclament des valeurs ancestrales du réformisme tunisien ou du Destour qui a bâti ou gouverné la nouvelle Tunisie.
Ce mouvement nostalgique qui entend contribuer et réhabiliter la pensée et l'œuvre du leader Bourguiba dans une Tunisie dont la majorité de sa jeunesse n'a pas connu le personnage dont se réclame ce mouvement. Cette tendance insiste sur le fait de bâtir un mouvement démocratique voire progressiste s'identifiant à la pensée et aux idées de Bourguiba mais pas à sa façon d'avoir dirigé le pays ni géré les affaires publiques qui nous savons tous il n'était pas irréprochable.
Moi, qui suis un Tunisien très moyen, muni d'un tout petit peu de bon sens,je me pose des petites questions très simples sur la finalité de ces entreprises et les objectifs des acteurs actuels de notre vie politique.
Je soutiens que tout produit mis à la disposition d'un groupe social doit répondre inévitablement à un besoin exprimé ou latent et seuls les études et sondages peuvent déterminer et cerner ce dernier.A défaut, nous risquons d'être en déphasage par rapport aux attentes réelles de ce groupe.
je conviens que tout parti politique doit viser le pouvoir pour asseoir les idées qu'il défend et mener des politiques qui sont l'essence même de son existence dans toutes ses dimensions.
Ce que je trouve affligeant c'est de voir fleurir un discours basé sur des intentions,des slogans et des promesses qui risqueront de rester lettre morte et qui alimenteront des campagnes menées tambour battant,sans aucun relais ni assises populaires qui donnent de la stabilité,de la consistance et la crédibilité à ces discours.
Il est vrai de dire que les promesses n'engagent que ceux qui les croient.


Mehdi Ayadi 

jeudi 2 juin 2011

Facebook, les secrets d’une insolente réussite


1/ Présentation du dossier:

Impossible de lui échapper. Avec 600 millions de membres et 500 000 de plus chaque jour, le réseau social a envahi la planète. Douze pages d’enquête sur un business en or.

Au premier coup d’œil, la page privée de Mark Zuckerberg sur Facebook ressemble à toutes celles des jeunes de 26 ans. Quelques photos de soirées arrosées avec les potes, un lien vers un article intéressant du «New York Times», l’officialisation de sa relation avec sa petite amie, Priscilla… Sauf qu’au milieu du «mur», dans la catégorie «événements», il annonce qu’un certain Barack Obama viendra lui rendre visite le 20 avril à son bureau de Palo Alto, en Californie. Beaucoup plus chic que l’apéro-concert de votre copain guitariste.
Mais au fait, qui doit se sentir le plus flatté ? «Zuck» dirige en effet un pays de 600 millions d’habitants – 500 000 de plus chaque jour – dont la plate-forme a servi de point de ralliement aux révoltés égyptiens. Les concurrents ? Dans les choux, et pour longtemps : «Facebook profite désormais d’un effet de masse, puisque les nouveaux vont forcément là où ils trouveront le plus d’amis», analyse Clara Shih, une experte des réseaux sociaux, auteur de «The Facebook Era». La France n’échappe évidemment pas à la déferlante : le site compte chez nous 20 millions d’inscrits (au moins une connexion par mois) et touche désormais 91% des 13-24 ans, deux tiers des 25-34 ans et un tiers des 35-44 ans.
Ce succès populaire n’est pas récent. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est que Facebook a réussi à le convertir en dollars. Longtemps, la communauté financière a fait la moue : les «friends» accepteraient-ils de voir leur page polluée par la pub ? «Yes», ont-ils répondu en chœur. La société ne publie toujours pas ses comptes, mais des fuites ont révélé début janvier qu’elle avait réalisé en 2009 un chiffre d’affaires de 560 millions d’euros et un résultat net de 144 millions. Selon les experts, ces chiffres devraient quintupler en 2011. Du coup, la cote du groupe flambe : 35 milliards d’euros sur la base de sa dernière levée de fonds en janvier.
De quoi faire la fortune de son fondateur, Mark Zuckerberg, encore actionnaire à 24%, mais aussi des salariés de base. «En complément de mon salaire, j’ai touché 15 000 actions sur quatre ans, calcule Gilles Mischler, un ingénieur alsacien qui a travaillé dans la maison de 2005 à 2010. Si je les vendais aujourd’hui, ça me ferait 19 millions d’euros !» Dans les pages qui suivent, Capital donne la recette de cette cash-machine : son management potache, ses innovations permanentes, ses pubs individualisées à l’extrême, mais aussi ses incursions dans notre vie privée.
Lorsqu’il débarqua en 2005 sur Emerson Street à Palo Alto, Gilles Mischler n’aurait vraiment pas misé une Kro sur ce succès. Malgré son million d’abonnés, la start-up avait des fins de mois difficiles. «On était obligés de piquer la bande passante de nos voisins d’Android, se souvient l’ingénieur. Et le commercial de Toshiba n’avait même pas voulu nous faire crédit sur cinq ans pour une photocopieuse !» Pour les investisseurs, Facebook n’était qu’un réseau social de plus parmi Friendster, Myspace, Hi5 et LinkedIn.
Mais rapidement, Zuckerberg a semé tout le monde. D’abord, il a exigé que les membres s’inscrivent sous leur vraie identité. «A l’origine, il fallait même une adresse e-mail universitaire, alors que les autres toléraient les faux profils, rappelle Clara Shih. Facebook s’est donc développé sur des réseaux réels et a moins souffert du spam.» Sage, le jeune patron s’est assuré d’avoir assez de serveurs pour que son site ne rame pas. «10 millisecondes gagnées sur le temps d’accès, c’est 3% d’audience en plus», serinait-il à ses troupes. Au­jour­d’hui, les douze data­centers américains de Facebook et leurs relais à l’étranger lui permettent de supporter un trafic de 680 millions de visiteurs uniques par mois, selon l’institut ComScore.
Au rythme où progresse le site, il va falloir en construire d’autres. Un à un, tous les pays tombent dans son escarcelle. «L’an dernier, nous sommes passés premiers en Inde, en Espagne et en Allemagne», se félicite Christian Hernandez, le directeur du dévelopement international de Facebook. Les prochaines batailles ? Le Brésil, la Russie et surtout la Chine, où il est encore bloqué par les autorités. Bon élève, Mark Zuckerberg a appris le mandarin et a profité de ses vacances de Noël à Pékin pour rencontrer Robin Li, le patron de Baidu, le plus gros moteur de recherche du pays. Mi-avril, la presse locale annonçait un joint-venture entre les deux sites…
L’ambition de Facebook ne se limite toutefois pas aux frontières géographiques : la plate-forme veut tisser sa toile sur l’ensemble du Web. Deux millions et demi de sites ont déjà intégré l’un de ses outils. Notamment le bouton Connect, qui permet par exemple de devenir membre d’AlloCiné ou de TF1 en France d’un simple clic, l’identifiant Facebook dispensant de remplir le sempiternel triptyque pseudo-e‑mail-mot de passe. Insatiable, Mark Zuckerberg veut voir du bleu partout. Les consoles PlayStation et Xbox donnent déjà accès à son bébé. En attendant le téléviseur, qui vous indiquera que belle-maman a adoré le dernier épisode de «Cold Case».
Mais c’est sur le téléphone mobile qu’il fonde ses plus gros espoirs. 250 millions de membres retrouvent leurs amis par ce biais. Pas assez pour Henri Moissinac, un Français à qui «Zuck» a confié cette branche en 2008 : «N’importe quel téléphone doit pouvoir devenir social.» Pour y parvenir, il a convaincu une centaine d’opérateurs des pays émergents de ne pas facturer à leurs abonnés la connexion à une version dépouillée (sans photo) du réseau.
La puce GPS des mobiles intéresse aussi Facebook. Des milliers de Français communiquent leur emplacement à leurs proches grâce à l’outil «Lieux», ou aux annonceurs avec «Bons Plans». Cet hiver, la marque Bonobo a ainsi offert des jeans aux 1 000 petits malins qui s’étaient géolocalisés en premier dans ses boutiques. Evidemment, ces technologies effraient les défenseurs de la vie privée.
Une crainte que Zuckerberg balaie sans diplomatie : l’intimité n’est plus «la norme sociale», a-t-il répondu au site TechCrunch l’an dernier. La devise s’applique-t-elle aussi au boss ? Pour le vérifier, nous sommes allés un soir, au cours de notre enquête, près de sa maison de Palo Alto, caméra du smartphone branchée. Au bout de quelques minutes, l’apôtre de la transparence s’est énervé et nous a envoyé son vigile. A l’étroit dans son sweat des Giants de San Francisco, ce Latino nous a sermonnés : «Monsieur Zuckerberg mérite qu’on respecte sa vie privée.»

2/ Facebook : ses prochaines innovations vont faire mal à Google

Sa ruche d’ingénieurs permet à Facebook de s’enrichir de nouvelles fonctions tous les mois. Il s’apprête ainsi à concurrencer le géant du Web sur ses deux principaux business, le moteur de recherche et la messagerie. Le match ne fait que commencer.

Le 1er avril dernier, les employés de Google ont d’abord cru à un mauvais poisson. Mais non. Leur patron Larry Page leur a bien annoncé, par e-mail, que les bonus 2011 seraient ­rognés de 25% s’ils n’arrivaient pas à «intégrer les relations, le partage et l’identité» sur les ­outils Google. En clair, à contrer Facebook.
Cette menace le prouve, la toile tissée par Mark Zuckerberg effraie le géant de Mountain View, dont toutes les tentatives de réseau social – Orkut, Wave et Buzz– ont fait un flop. Et le pire est à venir pour Google, puisque Facebook entend s’attaquer à ses cœurs de métier : le moteur de recherche et l’e-mail.
Pour prendre la mesure de l’offensive, il faut se rendre au cœur de la R & D de Facebook. A Palo Alto, 700 ingénieurs phos­phorent jour et nuit avec le chrono pour obsession. «Entre une idée de fonction et son lancement, il y a souvent moins d’un mois», raconte Karel Baloun, septième employé à avoir été embauché, en 2005.
Et, pour accélérer un projet qui s’enlise, il y a le «hackathon», sorte de marathon du codage entre collègues. «Ça démarre le soir, à l’improviste, toutes les quatre à six semaines, raconte David Braginsky, ingénieur chez Facebook de 2007 à mars dernier. Un développeur demande un coup de main et les autres l’aident à concrétiser son concept, en bossant jusqu’au matin s’il le faut.» L’outil de téléchargement des vidéos est né d’une de ces nuits enfiévrées, en mai 2007.
Ainsi organisé, le réseau social peut réagir très vite à la concurrence. «Leur souplesse m’épate, admire Loïc Le Meur, le patron français de l’agrégateur Seesmic. Ils ont réussi à lancer Lieux (NDLR : partage de position géographique) pour contrer Foursquare, et Deal (promotions géolocalisées) contre Groupon.» Et leur toute récente Questions, qui permet d’interroger ses proches sur un sujet, pourrait aussi étouffer dans l’œuf le site Quora.
Bientôt grâce à ce brevet, un nouveau moteur de recherche révolutionnaire 
Mais le gros chantier du moment, c’est le moteur de recherche. Dans les schémas du brevet obtenu par Facebook le 15 février dernier, il ressemble à celui de Google, avec une différence majeure : les résultats n’apparaissent pas dans l’ordre déterminé par de savants calculs, mais dans celui des préférences de vos amis. Si vous tapez «restaurant Marseille», vous ne tombez donc pas sur les guides Cityvox ou LaFourchette, mais sur les établissements visités par vos connaissances.
Leur portrait et leurs critiques s’afficheront également. Pour Georges Nahon, vieux routier du Net et patron de la cellule de veille d’Orange à San Francisco, ce procédé va se généraliser. «Aujourd’hui, on ne cherche plus si quelque chose existe mais la réponse à une question. La technologie de ­Facebook est beaucoup mieux adaptée que celle de Google, purement algorithmique.» Début avril, Larry Page a tenté de prendre Zuckerberg de court en lançant le bouton «+1», censé afficher les recommandations des amis. Mais, si Google compte bien des millions d’inscrits, grâce à sa messagerie Gmail notamment, il lui manque ­l’essentiel : le réseau qui les met en relation. Facebook est imbattable sur ce terrain.
Ce n’est pas tout. Comme Yahoo! et Microsoft, Google tremble pour sa messagerie, qui assure 20% de son trafic. Mark Zuckerberg met en effet la dernière main à un service e-mail révolutionnaire : Messages attribuera une adresse en @facebook.com à chaque membre et affichera les courriels non plus dans l’ordre de leur date d’envoi, mais dans celui de leur importance «sociale» : le petit mot de votre copain avant la newsletter de votre banque. L’utilisateur pourra aussi choisir le mode de réception du message : texto, e‑mail ou tchat, qui seront ainsi fusionnés. Et pourquoi pas un appel vidéo ? Facebook s’apprêterait à intégrer dans son offre le fameux logiciel de visiophonie Skype. Selon Henri Moissinac, seul Français dans l’état-major de Facebook, on est loin d’avoir tout vu : «Nous ne sommes qu’à 1% du chemin.»

3/ Facebook : son patron règne sur une bande de copains

Mark Zuckerberg est le milliardaire le plus précoce de l’histoire. Cela ne l’empêche pas de continuer à vivre comme un jeune de 26 ans, parmi ses collaborateurs, sans guère quitter son quartier. Reportage.

Sur California Avenue, à deux pas du siège de Facebook à Palo Alto en Californie, tout le monde connaît Mark et sa bande de potes. A l’Antonio’s Nut House, un bar resto destroy couvert de graffitis avec des seins en plastique collés au plafond, Jose Miranda abandonne une seconde ses fourneaux pour nous glisser un mot gentil sur le jeune patron. «Je le vois souvent avec ses collègues boire des coups et jouer au billard. Ils sont très sympas.» Un peu plus loin dans la rue, la tenancière du Lotus Thaï Bistro affiche un large sourire à l’évocation de son nom. Mais le plus enthousiaste est Hector, le patron du resto mexicain Palo Alto Sol : «Mark raffole de notre “sopa azteca”. Il vient bien deux fois par semaine ici avec les gens de sa société.»
Parle-t-on bien du même Mark Zuckerberg ? Le jeune homme solitaire et antipathique dépeint par David Fincher dans «The Social Network» ? L’homme n’accorde jamais d’interview ou presque. Il n’a pas fait d’exception pour Capital. Mais, lorsqu’on questionne tous ceux qui travaillent avec lui depuis sept ans, on découvre un tout autre visage : celui d’un chef de tribu qui vit 24 heures sur 24 entouré de ses collègues, qui sont aussi ses amis. «Zuck», comme ces derniers l’appellent, se sent d’ailleurs tellement étranger à ce film qu’il n’a pas craint de louer un cinéma de Mountain View, non loin de Palo Alto, pour inviter tous ses salariés à une projection privée. «Presque tout est faux dans ce film», assène David Braginsky, qui était encore son conseiller scientifique per­sonnel en mars. «C’est une bonne histoire, mais ce n’est pas la sienne.»
David Fincher n’a quand même pas tout inventé. Prenez sa tenue vestimentaire, invariablement constituée d’un tee-shirt (il ajoute un sweat à capuche par temps frais), d’un jean trop large et de grosses sandales à scratch. Elle est fidèlement reproduite ! Pas de doute, Zuckerberg est également ce petit génie au débit mitraillette incarné par Jesse Einsenberg. Né en 1984 dans la banlieue nord de New York, d’un père dentiste et d’une mère psychiatre, il a terminé major de tous ses cours, lit le français, le latin, l’hébreu et le grec ancien. L’année dernière, il a même pris des leçons particulières de mandarin et a pu mettre en pratique ses exercices en passant Noël à Pékin avec Priscilla Chan, sa petite amie depuis quasiment 2003, d’origine chinoise.
Mais plus encore qu’en langues étrangères, c’est dans l’informatique qu’il excelle. A l’âge de 12 ans, sur l’ordinateur Quantex 486DX que lui avait offert son papa, il bricola pour ce dernier un réseau interne baptisé Zuck­Net qui l’alertait de l’arrivée d’un patient dans le cabinet. Au collège, il épata cette fois ses camarades en créant une adaptation du jeu Risk basée sur l’Empire­romain. Enfin, au lycée, il inventa un ingénieux logiciel musical, Synapse, capable de déterminer les goûts musicaux de chacun et de générer des playlists. Thefacebook.com (l’ancien nom de Facebook), qu’il mit en ligne en février 2004 depuis sa chambre universitaire à Harvard, n’était donc qu’un programme de plus. Sauf que celui-ci dépassa toutes ses attentes en atteignant 6 000 membres en à peine trois semaines.
D’emblée, il s’est distingué des autres créateurs de start-up. Plutôt que de s’entourer de managers et de commerciaux chevronnés, il a débauché ses coturnes pour poursuivre l’aventure Facebook : Eduardo Saverin, Dustin Moskovitz, Andrew McCollum et Chris Hughes. Son meilleur ami, Adam D’Angelo, a rejoint la troupe peu après. A l’exception du premier, avec qui il s’est brouillé, tous sont restés plusieurs années à ses côtés. En 2005, Mark a aussi confié à sa sœur aînée, Randi, la gestion du marketing. Quand il recrute, Zuckerberg se moque des diplô­mes ou de l’expérience et privilégie les gros QI comme lui. «Lors de mon entretien, il m’a testé sur un exercice de math», nous raconte Karel Baloun, le septième salarié embauché par Facebook. La tradition perdure : une bonne partie des développeurs recrutés à Palo Alto passent par ce tamis. Tous ­démarrent à des salaires très confortables – 8 000 euros par mois – et beaucoup sont déjà très riches grâce aux actions qu’ils ont touchées avant que la valorisation de Facebook n’explose ces derniers mois.
Logiquement, avec des copains, la famille ou des petits génies millionnaires sous ses ordres, Zuckerberg se comporte plus comme un chef de bande que comme un P-DG tyrannique à la Steve Jobs, dont les colères homériques terrorisent les cadres d’Apple. «Il est direct, franc, mais je ne l’ai jamais vu se mettre en pétard contre quelqu’un», assure son ancien conseiller David Braginsky entre deux gorgées de moka au Summit, un bar branché de San Francisco. Son seul coup de colère, ce fut contre son iBook, coupable de plantage au milieu d’un long e-mail. «Il s’est levé et l’a cassé en deux», se rappelle un ancien de la maison. L’Alsacien Gilles Mischler, vingtième employé de Facebook, en 2005, se souvient même d’un patron attentif aux problèmes de chacun. «Après la naissance de mon fils, il m’a muté sur un site proche de chez moi pour que j’aie moins de route le matin.»
Autre différence majeure avec Steve Jobs, Zuckerberg fait confiance et délègue. Sheryl Sandberg, débauchée de Google en 2008, a carte blanche pour gérer tout ce qui n’intéresse pas le fondateur : les ven­tes, le marketing, la pub et les ressources humaines. Zuckerberg peut ainsi se concentrer sur le développement du site. C’est lui qui a ajusté la largeur de la colonne de publicité au pixel près ou inventé la fonction d’identification des «amis» sur les photos. Mais depuis, il a pris beaucoup de champ sur les aspects techniques aussi. «Mark fixe un objectif et donne ensuite son feed-back ponctuellement, raconte Karel Baloun, qui a rédigé un petit manuel inspiré de son expérience, “Inside Facebook”. Quand il rentre dans le détail, c’est uniquement pour insister sur un principe général : après avoir découvert qu’on avait mis un point de trop à la fin de certaines phrases du site, il a par exemple distribué à tous les chefs de produit un petit livre de grammaire afin que nous soyons plus vigilants.»
Toujours pressé, Zuckerberg ne perd pas son temps en réunions. Il donne ses orientations dans le couloir entre deux portes, par des e-mails collectifs que filtre – et corrige – sa fidèle assistante, Anikka, ou lors de séances de questions-réponses le vendredi après-midi. Son bureau se trouve à l’endroit où il pose son ordinateur portable. Pour les entretiens importants, il s’est tout de même aménagé une salle de meeting au mobilier d’un blanc im­maculé. Zuckerberg ne voit en ­effet pas bien les couleurs, excepté le bleu (d’où la couleur du logo Facebook). «Un soir, il m’a demandé de repeindre en blanc le nouveau téléphone fixe qu’il venait de recevoir», se souvient un salarié.
En contrepartie de ce management plutôt cool et horizontal, le boss exige de ses troupes l’abattage d’ouvriers chinois. Il montre d’ailleurs l’exemple en restant souvent jusque tard dans la nuit au bureau. Sur California Avenue, dans le bâtiment principal du siège où turbinent 700 ingénieurs, il y a toujours de la lumière. «Même le dimanche à 2 heures du matin, assure Gilles Mischler. Quand il y a un bug, personne ne part avant qu’il soit réparé.» Il n’est pas rare que les codeurs, après avoir dîné gratuitement à la cafétéria, s’effondrent sur les matelas mis à leur disposition. Quand ils les atteignent ! «J’ai gagné le prix de celui qui s’endort le plus souvent sur son clavier», s’amuse Karel Baloun.
Au quotidien, Facebook ressemble en fait à un gros campus à l’ambiance potache. Pendant les Coupes du monde de football, les nombreux étrangers du siège vibrent ensemble en salle de télé. Régulièrement, Zuckerberg et sa bande se font plaisir en invitant des stars : Mike Tyson, Ashton Kutcher ou Kanye West. La moindre occasion – Noël, un énième membre… – est prétexte à une fête. «On ne boit pas que de l’eau ou du Coca chez Facebook, sourit Gilles Mischler. Et Mark n’est pas le dernier à s’amuser. Il a d’ailleurs fait inscrire dans le règlement interne le droit de boire de la bière et de dormir sur place.» Sur le profil privé (différent de sa page publique) que le P-DG réserve à ses amis mais que nous avons puconsulter, de multiples clichés le montrent un verre à la main, en train de danser et de chanter.
Le plus jeune milliardaire de l’histoire vivrait donc comme tous les gens de son âge ? C’est ce que confirme le photographe Nick Stern, qui l’a «paparazzé» pendant plusieurs jours l’été dernier pour le compte du site Gawker. «Je vais vous décevoir, il ne fait rien d’extraordinaire en dehors du boulot. Je ne l’ai vu qu’avec sa copine et ses amis.» Il loue une maison à 130 mètres de son bureau et conduit une Acura noire (une marque appartenant à Honda). Très loin, donc, du comportement de rock-star de son associé Sean Parker, cofondateur du site Napster, flambeur, séducteur et déjà arrêté pour usage de cocaïne. «Zucker­berg se fiche de l’argent», assure Karel Baloun. Ses hobbies ne sont pas légion. Champion d’escrime au collège, il ne pratique plus guère de sport. Quant à la synagogue, il la fréquente peu. «Judaïsme, plus culturellement que religieusement», indique-t-il à la ligne Croyances de son profil.
En fait, dès qu’il a une minute, Zuckerberg retourne à sa seule et véritable passion : le code. «La création d’un simple morpion l’amuse, raconte Gilles Mischler. Une fois, il s’est enfermé pendant quarante-huit heures avec le casque sur les oreilles pour optimiser un logiciel dont personne n’avait besoin. A la fin, il est sorti tout fier : “Regarde, il est quinze fois plus rapide maintenant !”» Un brin toqué le Zuck ? David Braginsky rapporte un autre indice troublant : «Il a travaillé des semaines sur un robot capable de photographier les personnes qui sonnent à la porte de sa maison et de leur répondre.» Sait-il qu’avec sa fortune actuelle il pourrait s’offrir un majordome ?
Gilles Tanguy
A Palo Alto, « Zuck » vit au milieu de son clan :
Son domicile : Pour rejoindre son bureau à toute heure, le jeune patron a emménagé dans une petite maison située à seulement 130 mètres du siège de Facebook.
Son lieu de travail : Comme sa numéro 2, Sheryl Sandberg, le PDG de Facebook n’a pas de bureau. Il préfère déambuler parmi ses développeurs avec son ordinateur ­portable. S’il arrive plutôt en fin de matinée, il reste fréquemment jusque très tard dans la nuit pour travailler.
Son resto thaï : Il aime y déguster du poulet avec sa fiancée, Priscilla Chan. Les tourtereaux auraient signé un contrat les engageant à se voir au moins 100 minutes par semaine.
Son mexicain favori : A la tête du Palo Alto Sol, Helena et Hector voient régulièrement débarquer Mark et sa bande. Originaires de Puebla, ils cuisinent notamment une «sopa azteca» dont le patron de Facebook raffole. Fin mars, selon la presse locale, il aurait conclu un important deal à l’arrière de l’établissement.
Les sept erreurs de "The Social Network"
Avec 1,4 million de spectateurs, le long-métrage de David Fincher s’est taillé un joli succès en France. Mais il comporte de nombreuses approximations. Pour commencer, Zuckerberg n’a pas créé Facemash, un site de comparaison de photos d’étudiantes (ancêtre de Facebook), pour se venger d’une fille qui venait de le larguer dans un pub. Celle-ci, bien que mentionnée dans un blog de Zuckerberg, n’a jamais été identifiée et Facemash comparait aussi les portraits des garçons. Autre fable : Eduardo Saverin, le cofondateur de Facebook, n’a jamais été accusé de torturer des poulets par le journal local. Pas plus qu’il n’a été dilué à 0,03% du capital. Il en est encore aujourd’hui le quatrième actionnaire, avec 5%. La vie de Sean Parker, fondateur de Napster et associé de Zuckerberg, est aussi très romancée : il n’a pas découvert Facebook chez une conquête d’un soir, mais sur l’ordinateur d’un couple ami. Il n’a pas non plus été arrêté à Palo Alto pour possession de cocaïne avec des salariés de Facebook. C’était en Caroline du Nord, sans salarié du site.

4/ Facebook : sa régie pub transforme votre profil en cash-machine

Le premier actif de Facebook, c’est son audience. Le site la vend aux annonceurs en leur dévoilant l’état civil ou les hobbies de ses 600 millions de membres. Pour remplir les caisses, il mise aussi à fond sur les applications.

Big Brother peut aller se rhabiller. Sur le site américain All Facebook, qui traque la moindre nouveauté sur le réseau social, un certain Jason Carrasco raconte sa dernière mésaventure. «L’autre jour, j’ai indiqué à mes amis que j’allais à un concert. Le lendemain, ma page affichait des publicités pour l’artiste que j’étais allé écouter !» Pour l’instant en test sur 1% de la communauté mondiale des utilisateurs, cette nouvelle forme de pub, du type frappe chirurgicale, pourrait bien débarquer un jour chez nous. Tout dépendra du degré de docilité et d’acceptation des habitants de cette planète aux 600 millions d’amis.
Une chose est sûre, pour pouvoir tenir la promesse faite à ses nouveaux membres lorsqu’ils rejoignent le réseau («C’est gratuit et ça le restera toujours»), Facebook doit engranger de la publicité. Beaucoup. Car c’est quasiment sa seule ressource. «Chaque utilisateur rapporte entre 3 et 4 dollars par an. Là-dessus, la marge est de 25 à 40%», analyse Cédric Foray, patron à Paris du cabinet Greenwich, un spécialiste des télécoms et des médias. Autant prévenir les 20 millions de Français qui ont succombé aux charmes de Facebook : toutes leurs données personnelles ont vocation à être converties en monnaie sonnante et trébuchante.
Tout commence à l’inscription. En complétant son profil (âge, profession, lieu de résidence, diplômes, statut marital, adresse mail, centres d’intérêt…), le nouveau «Facebookien» fournit une mine d’informations aux annonceurs potentiels. Certes, il peut actionner les «paramètres de confidentialité», qui lui permettent de contrôler la diffusion de ses contenus au sein de la communauté. Mais les annonceurs, eux, ont droit à un régime particulier. «Nous les autorisons à choisir les caractéristiques des utilisateurs qui verront leur publicité, précise la politique de confidentialité de la maison. Et nous pouvons être amenés à utiliser tout attribut non personnellement identifiable que nous avons recueilli pour cibler le public approprié.» Précision «rassurante» : seul le nom n’est pas communiqué.
Grâce à sa batterie de serveurs, 60 000 au dernier pointage en juin 2010, et à l’aide des savants algorithmes mis au point par ses 700 ingénieurs, Facebook peut triturer cette masse de données dans tous les sens. Une marque de sport veut toucher les fans de foot en France ? En deux temps trois mouvements, le réseau identifie pour elle les 319 440 utilisateurs (relevés mi-avril) de 18 à 50 ans qui ont mentionné leur passion du ballon rond. Mais la force de l’outil, c’est qu’il peut aussi bien être utilisé par un vendeur de quartier à Garges-lès-Gonesse. Il lui suffit d’utiliser le service publicitaire en libre-service de Facebook, d’y rentrer son budget, ses critères et de calibrer ainsi en temps réel le nombre de personnes auxquelles il compte s’adresser. La facturation, elle, dépendra du nombre de fois où les consommateurs auront cliqué sur la pub et de la valeur commerciale qu’on veut bien leur attribuer : un habitant de Guingamp se monnaie jusqu’à 1,22 euro le clic, contre 1,49 pour un Parisien. Un homme marié vaut plus (2,30 euros) qu’un retraité (1,94). Cette cote dépend en fait de l’offre et de la demande.
Bien sûr, les gros annonceurs comme Adidas ou BNP Paribas ne s’amusent pas à bricoler leurs campagnes en ligne. La régie pub de Facebook se charge de leur concocter un service aux petits oignons.Ces grands comptes – facturés par tranche de 1 000 pages vues et non plus au clic – peuvent en particulier opter pour un emplacement «premium», c’est-à-dire sur la page d’accueil des membres, où ils seront les seuls à figurer. Autre formule, la publicité interactive (le format «engagement» dans le ­jargon de Facebook) qui permet de faire participer l’ami consommateur. Ce dernier peut, par exemple, cliquer sur la pub pour recevoir un échantillon, participer à un sondage, ou déclarer qu’il «aime» un événement.
Des gestes pas tout à fait anodins. Car chacune de ces actions est automatiquement communiquée sur le fil d’actualité de ses amis, auprès de qui il joue ainsi le rôle de prescripteur. «C’est un service que l’on propose gratuitement», indique Damien Vincent, le jeune patron de Facebook en France. Et, selon lui, c’est fichtrement efficace. «Par rapport à une pub classique, ce procédé accroît de 1,6 point le souvenir de la publicité, de 2 fois la notoriété et de 4 fois l’intention d’achat», affirme-t-il.
L’été dernier, Oasis, la deuxième marque de soft-drink la plus consommée en France, a eu recours à ce type de dispositif pour renforcer sa notoriété. Pendant deux mois, les internautes étaient conviés à se connecter à sa page Facebook pour participer à l’élection du fruit de l’année, Eva Lapech, Orange Presslé ou Jude Citron. Ponctuée de jeux, de vidéos loufoques, l’opération a fait carton plein. Elle a permis à la marque d’enregistrer sur sa page 1,6 million de fans, auprès de qui elle continue à communiquer.
Ce type de campagne, facturée de 40 000 à 80 000 euros pour trois à quatre semaines de présence, demande cependant un peu de doigté. «Pour ne pas saturer les utilisateurs, nous avons pris soin de ne pas diffuser sur leur page plus de deux à trois posts par semaine», précise Stanislas de Parcevaux, le directeur du marketing d’Orangina Schweppes France, la maison mère d’Oasis. Des intrusions répétées risquent en effet de tuer la poule aux œufs d’or. On se souvient de la levée de boucliers qui avait accompagné le lancement par Facebook de son programme Beacon, en 2007 aux Etats-Unis. Quand un utilisateur se rendait sur un site marchand partenaire du réseau pour réaliser un achat, tous ses amis étaient informés. Près de 50 000 membres avaient réagi, mécontents que leurs proches soient au courant du cadeau qu’ils leur réservaient pour Thanksgiving. Soucieux de ­garder sa précieuse audience, Facebook avait alors fait marche arrière. «Le site fait très attention au buzz négatif et procède à tâtons pour trouver de nouvelles façons de moné­tiser les données sur ses utilisateurs», souligne Cédric Foray, de Greenwich.
Une seconde source de revenus commence à faire la fortune de Facebook : les applications. On le sait peu en France, mais le réseau social a lancé dès mai 2007 une plate-forme qui offre aujourd’hui plus de 550 000 petits logiciels exécutables directement dans le navigateur Web, essentiellement des jeux créés par des développeurs indépendants. C’est plus que les 350 000 applis de l’iPhone de Steve Jobs. Pas plus philanthrope qu’Apple, Facebook oblige les développeurs à utiliser son système de paiement, les Crédits Facebook, afin de prélever un pourcentage de 30% sur la vente des biens virtuels, leur principale recette. Une vraie vache à lait : selon le cabinet spécialisé SocialTimes Pro, cette taxe pourrait rapporter 210 millions d’euros en 2011. «Ce succès nous a totalement surpris», nous confie Christian Hernandez, le directeur du développement international de Facebook.
L’éditeur Zynga est de loin le plus gros pourvoyeur de «crédits». Créée en 2007 par Mark Pincus, qui lui a donné le nom de son chien, cette firme compte 269 millions d’utilisateurs mensuels, quatre fois plus que son poursuivant Badoo (rencontres en ligne). Si la plupart des fans jouent gratuitement à ses petites simulations, entre 1 et 5% d’entre eux acceptent de se ­délester de quelques euros pour avancer plus vite. Il y en a pour tous les goûts : dans Farmville, on s’offre un tracteur pour augmenter la production de sa ferme. Dans Mafia Wars, il faut acheter un revolver pour éliminer les familles rivales…
Le succès de Zynga fait les affaires de Facebook. Mais, pour ne pas trop dépendre de lui, Mark Zuckerberg en­courage les développeurs du monde entier à lancer d’autres applis. Fin mars, le réseau a ainsi organisé une opération séduction dans le centre de Paris. Pour allécher les Frenchies, Facebook a notamment cité l’exemple d’AntVoice, une start-up créée en mai 2009 par deux copains ingénieurs, Jérôme Scola et Rodolphe Mirilovic. Leurs quinze petits jeux ont déjà été installés 50 millions de fois et devraient générer 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011. Les musts ? L’Arc-en-ciel du moral, qui permet d’afficher son humeur du jour, et Il est con ce pigeon, où l’on botte les fesses d’un plumitif virtuel. Le développement d’un tel logiciel ne coûte pas plus de 30 000 euros, une paille, comparé à celui d’un jeu Play­Station. Du coup, la société est déjà rentable, et ambitieuse. «Au printemps, nous lancerons des jeux de rencontre amoureuse», annonce son directeur général, Alban Peltier.
Encore des crédits en perspective pour Facebook. Pour en engranger encore plus, le géant de Palo Alto promeut aussi un service d’un genre nouveau. Depuis mars, les Américains peuvent louer sur le réseau social six films des studios Warner (dont «Batman» et «Harry Potter»), pour 2 à 3 euros. Et, d’ici peu, les Anglais éliront sur le réseau leur candidat préféré dans la compétition de danse de la chaîne Sky1, moyennant quelques pennies, bien sûr. Mark Zuckerberg, lui, a déjà gagné le concours de «Danse avec les millions».

5/ Facebook : ses services gratuits menacent votre vie privée

Derrière sa plate-forme sympa et ludique, le site met tout en œuvre pour que l’utilisateur confie un maximum de données personnelles. Un piège.

« La honte.» Quand il raconte son dernier entretien d’embauche, Laurent ressasse ce mot. D’emblée, le recruteur l’a félicité pour sa nouvelle coupe de cheveux : «Je vois que monsieur a abandonné la nuque longue.» Puis le sadique a enchaîné sur ses ongles impeccables, «ça vous va mieux que le vernis noir». Avant de plaisanter sur le trash metal, «de la vraie bonne musique». «C’est là que j’ai compris qu’il avait passé au crible mon profil Facebook», nous confie le malheureux commercial amateur de pogo. «Dire que j’avais juste ouvert un compte pour causer metal entre copains.» L’entreprise n’a jamais rappelé Laurent, mais au moins celui-ci a appris à verrouiller son profil, avec l’aide de l’agence Zen-Reputation…
Ah, la magie de Facebook. Officiellement, le réseau social se présente comme un aimable trombinoscope, où les échanges restent amicaux et positifs. On y converse entre «amis» dûment acceptés ; on s’envoie des pictogrammes de carrés Hermès en guise de cadeaux ; on clique sur la fonction «j’aime» pour partager la vidéo d’une gamine de 2 ans imitant Shakira, puisque, de toute façon, il n’existe aucun bouton «j’aime pas» susceptible d’exprimer sa désapprobation. «Mais ce monde de Bisounours peut très vite tourner au cauchemar», constate Alexandre des Isnards, coauteur de «Facebook m’a tuer», une passionnante plongée dans les dérives du site préféré de 20 millions d’internautes français.
Et les victimes, elles, ne sont pas du tout virtuelles. Voyez Claude Mathieu, dont le fils Rayan souffre d’une pathologie incurable : pendant des semaines, la page de soutien à son enfant a été bombardée de moqueries sur les han­dicapés. Sans parler de cette pauvre ­Britannique de 26 ans, découpée en morceaux par un mari ­impulsif, juste parce qu’elle s’était déclarée «célibataire» sur le site après une dispute. «Facebook va nous rendre fous, lâche Alex Türk, président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), et auteur de “La Vie privée en péril”. Comme cette société se nourrit de nos informations personnelles, tout est calibré pour que chacun se mette à nu, petit à petit, sans même s’en rendre compte.»
Principale astuce du site : entretenir l’illusion que vous gardez le contrôle. A priori, chaque membre peut décider de partager ou non ses photos et autres commentaires. Et éviter ainsi que la moindre vanne en français postmoderne sur son «boss tro chian ;-(» puisse atterrir sur Google. Il suffit pour cela de cocher les bonnes cases dans la section Paramètres de confidentialité. Le hic, c’est qu’il existe près d’une vingtaine de critères, auxquels s’ajoutent quelque quatre-vingts options. «Et Facebook ne cesse de modifier ces paramètres sans prévenir», avertit Antoine Dupin, expert en réseaux sociaux. Fin 2009, la ravissante Marie-Laure a ainsi eu la surprise de voir ses albums photos accessibles au tout-venant. «J’étais paniquée, se souvient cette cadre dans un palace parisien. Quand un copain m’a alertée, j’ai prétexté une urgence en plein rendez-vous pour courir vers mon ordinateur, de crainte que mon ex découvre mon voyage aux Maldives avec mon nouveau compagnon.»
Pour mieux vous connaître, le site peut ensuite compter sur vos amis. Un terme volontairement fourre-tout, où se mêlent aussi bien les contacts pros que les cousins de province. Bien sûr, personne n’est obligé de réunir sur la même page son vieux copain de cinquième, son chef de service et cette jolie blonde croisée en boîte. Mais comment résister au plaisir de se mettre en scène face à un ­public qui atteint parfois 3 000 amis ? Et, si certains se montrent peu sociables, c’est la maison qui va se charger de leur trouver des copains, en leur suggérant sans cesse, à droite de l’écran, des amitiés potentielles : amis d’amis, curieux qui ont regardé leur page, ou n’importe quel anonyme détecté par le moteur interne de recher­che au motif qu’il pourrait avoir croisé un jour leur chemin.
Autant dire qu’à la longue cette foule pas toujours amicale peut devenir ingérable. Début février, Jean-Baptiste s’est ainsi fait «outer» par un ancien copain de terminale, qui a cru bon de rappeler ses talents de rouleur de joints : «JB, tu te souviens de nos pétards sur la plage du Cap-d’Agde en 2004 ?» Allez hop, 353 personnes glissées dans la confidence. «J’étais mal, confie ce consultant en organisation. J’ai dû expliquer à ma grand-tante qu’un pétard était une sorte de tabac bio.» Pas de quoi tromper les éventuels recruteurs en maraude : «On vous espionne sans cesse sur ce réseau, assure Ludovic Broyer, ex-chasseur de têtes devenu patron de l’agence d’e-reputation iProtego. Avant de vous embaucher, les entreprises mènent désormais une enquête sur votre compte et sur celui de vos amis.»Et, grâce aux dernières applications Facebook, nos Columbo 2.0 peuvent s’en donner à cœur joie. La messagerie instantanée ? Une seconde de connexion et vos contacts savent que vous êtes on line. Pas terrible quand votre patron figure sur votre page et peut constater que vous avez débrayé.La fonction Tag ? Elle encourage vos amis à graver votre nom sur leurs photos de soirées. Y compris celles qui immortalisent votre victoire éclatante au concours de bières de la Saint-Patrick. Quant à l’outil Places, il invite chacun à indiquer votre présence dans un lieu public, à n’importe quelle heure, sans demander votre permission. Les cambrioleurs n’en espéraient pas tant. Ni les épouses soupçonneuses. «Allez ensuite expliquer que vous avez bossé toute la nuit, alors qu’on vous a signalé au comptoir à 3 heures du matin», râle un jeune commercial parisien.Si, par miracle, vos amis vous épargnent, ne vous croyez pas à l’abri pour autant : Facebook est devenu le terrain de jeu préféré des imposteurs et autres margoulins. Parlez-en à Omar Sy, l’acolyte de Fred sur Canal Plus. Pour goûter aux délices du site, le comique du «SAV» n’a même pas eu besoin de créer un profil : un autre s’en est chargé à sa place. Pas bien compliqué, notez. Quelques photos, une date de naissance dénichée sur Wikipédia, et voilà le résultat : plus de 100 000 fans en moins de six mois. «Cela devenait invivable, confie l’humoriste. Pour marquer le coup, j’ai décidé de mener une action en justice.»
Bilan ? Un procès et 3 000 ­euros d’amende pour le faux Omar. «Sur Facebook, on ne compte plus les cas d’usurpation d’identité, confirme Grégory Couratier, fondateur de l’agence Zen-Reputation. Et ce type d’attaque touche aussi bien les personnalités que les anonymes.» Mais les plus difficiles à attraper restent les pirates. L’an dernier, un jeune crack baptisé John Jean – c’est son vrai nom – a carrément infiltré la machine dans le but d’en révéler les failles en matière de sécurité. «Je n’ai dérobé aucune donnée, jure cet Amiénois de 27 ans, devenu une star du Web après cet exploit. J’ai même attendu que les techniciens de Facebook colmatent les brèches avant de révéler le problème.» D’autres n’ont pas ces pudeurs. Pour booster l’audience de leurs sites, des petits malins planqués en Russie ont inventé le «clickjacking». Le principe ? Quand vous cliquez sur «play» pour lancer une vidéo, vous activez sans le savoir sur le bouton «J’aime». Moyennant quoi, tous vos amis apprennent que vous venez de regarder le clip «Jeunes Chinoises en Wonderbra». Et qu’en plus vous leur recommandez d’en faire autant…
Qu’en pense Facebook, au juste ? Difficile de s’en faire une idée précise, tant ses règles semblent à géométrie variable. Quand de jeunes mamans canadiennes publient leurs photos d’allaitement, c’est la porte illico : la maison ne supporte pas la vision de la moindre aréole. Mais, pour adhérer à des groupes antihomos et pronazis, pas de problème. «C’est déstabilisant, on a souvent du mal à se repérer dans la charte du site», souligne Xavier ­Paulik, fondateur de Tikimee, un agrégateur de contenus personnalisés. Bien sûr, il est toujours possible de quitter la matrice. Mais pas de récupérer ses données. Et vous pouvez toujours menacer Facebook d’un procès : le site vous renverra vers le tribunal compétent. A Sacramento, en Californie…
Dossier réalisé par le magazine Capital