Passée l’euphorie des proclamations des résultats, le choc
absorbé et la déception dominée, mes idées se sont précisées me permettant maintenant
de voir clair ce qui s’est passé.
Loin de moi l’idée de participer à des polémiques stériles, supputations
tendancieuses des uns et des autres, accusations à la légère quant aux
manipulations signalées lors des opérations de vote du 23 octobre, car les
irrégularités constatées ici et là, ne sont pas à mon sens de nature à fausser
les résultats des élections et encore moins à porter atteinte au message
politique qu’ils nous délivrent : une majorité de nos citoyens souhaitent essayer
autre chose et ils le disent très haut. Seuls les aveugles et les sourds
persistent et continuent à ignorer et sous-estimer la portée de ce message. De
ma part je ne peux que respecter le choix et la volonté de la majorité .
Faillite du discours des partis en présence qui arrivent aux
élections en rang dispersé, inadéquation des programmes aux attentes du
Tunisien, évaluation inappropriée de la part des électeurs de la portée réelle
de ces élections en ce qu’elles pourraient engendrer comme modèle de société,
vote sanctions contre certains partis…
Autant de causes qui ont contribué au succès d’Ennahdha dont
l’analyse dépassera ces quelques lignes. Des arguments à la pelle viennent
alimenter le pourquoi d’un succès annoncé d’un mouvement qui, ayant reçu dans l’allégresse il y a quelques
mois son visa, devient le 1er parti de Tunisie et la première force
politique incontournable de la Constituante. Un parti qui a largement bénéficié
après la révolution d’un capital sympathie auprès des Tunisiens, feignant la
victime après la chute de ses tortionnaires, les régimes Bourguiba Ben Ali.
Sur un autre plan, les RCDistes par dépit ayant vendu leurs
âmes au diable ont voté pour les ennemis d’hier devenus les alliés d’aujourd’hui.
Ils doivent être très fiers.
Une autre raison et pas des moindre a, à mon avis, permis à Ennahdha de creuser davantage l’écart,
l’échec voire la faillite des élites intellectuelles qui depuis l’indépendance
ont montré leur incapacité à canaliser les mouvements, arrêter et freiner l’arbitraire
sous toutes ses facettes par leur immobilisme voire leur complaisance envers
les régimes en place. Elles n’ont pas pu développer à travers les générations
un sens anticipatoire des évènements( 14 janvier et le 23 octobre). Cette attitude
de la part de ces élites a laissé le désespoir et la désillusion gagner des
millions de Tunisiens comme vous et moi. Leur petit confort petit bourgeois et
leurs certitudes théoriques ont primé sur leur mission de leadership. Le peuple
ne croit plus en eux et se tourne vers un discours populiste, simple mais très
séduisant en rejetant une ambivalence culturelle cultivée par nos élites intellectuelles
« occidentalisées ».
L’heure est grave(Yassine Ayari sors de mon corps), car il s’agit
d’un choix d’un modèle de société pour l’avenir d’une jeunesse qui par le
truchement de sa Révolution a banni à jamais la dictature et l’obscurantisme.
Elites à vos marques.
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