Les derniers sondages élaborés avant la date du 1er
octobre 2011, créditent les partis dits « importants » de certains pourcentages
des sièges pourvus dans la prochaine assemblée constituante. Je n’ai pas pour
but de discutailler les résultats des sondages ni encore moins de mettre en
cause les techniques d’échantillonnages et des quotas représentants la société
étudiée. Ils ont déjà le mérite d’exister, d’exprimer, et c’est le plus
important des tendances qui se confirmeraient dans les bureaux de vote avec une
infime marge d’erreurs. Deux grandes
remarques sont à relever.
La première concerne le taux élevé des indécis qui peuvent
encore changer la donne le jour J et à même de brouiller les cartes des partis
de l’establishment politique qui se prépare à la veillée d’armes de la campagne
électorale et qui est en train de fourbir ses arguments afin de conquérir le
pouvoir. Un beau spectacle désolant me donnant l’impression qu’on est à la
veille d’une guerre qu’il va falloir gagner à tout prix. Ce taux englobe une
population très hétérogène. Nous retrouvons les laissés pour compte de la
politique et dont la voix reste importante pour les urnes, les personnes
désappointées, quant à leurs attentes et espoirs et qui se désintéressent de
plus en plus de ce discours politique qui sonne le faux, l’irréel, l’arnaque.
La multitude des partis qui étaient perçus comme un signe de
bonne santé n’est pas là pour faciliter le choix des tunisiens, bien au
contraire, elle a contribué à leur désaffection. L’indécision chez une autre
frange importante de la population s’explique par la clarté obscure des
programmes ou leur absence totale et le flou et l’ambigüité du discours de ces
partis quant au modèle de société qu’ils nous préconisent. La tranche d’âge de
cette population est variable, elle peut partir des 20 – 30 ans, le cœur de
ceux qui ont été dans la rue avant et après le 14 Janvier. Une jeunesse assoiffée
d’équité, de liberté et surtout d’égalité des chances dans une société non
reconnaissante.
Cette frange d’indécis
englobe aussi une population d’âge mûr 35-55 ans, en activité, très jalouse de ses acquis mais
qui ne s’identifie pas à ces partis car elle n’y trouve pas des réponses claires à ses
attentes. Les indécis seraient le moins qu’on puisse dire très courtisés lors
de la campagne qui s’annonce. Tous les prétendants à la constituante seraient
tentés de flirter avec eux et de les séduire en renonçant même à certaines
valeurs immuables. La deuxième remarque, concerne le pourcentage estimé en
nombre de sièges qui pourrait revenir à Ennahdha dont l’assise populaire n’est
plus à démontrer. Le sondage fait ressortir qu’une majorité de sièges lui
reviendrait.
Dans la vision du mouvement à propos du parlement élu, le
peuple ne sera pas consulté en cas de conflit avec l’exécutif ni en cas de
blocage au sein de l’assemblée et encore moins à un recours au référendum pour
ratifier la constitution. La malignité politique et le caractère sournois du
projet Ennahdha sont définitivement établis.
Elle a inclus dans son projet constitutionnel que le premier
ministre doit être issu obligatoirement au sein du parti qui a recueilli le
plus de sièges. Mais si dans le cas où elle ne recueille pas la majorité, elle
empêcherait et saboterait toute coalition ayant composé une majorité pour
obtenir le poste de premier ministre l’obligeant à composer avec le parti
majoritaire en voix. Elle a tellement la certitude d’être ce parti majoritaire
et ayant déjà fait une constitution sur mesure avec une stratégie pernicieuse
pour cueillir à froid tout un peuple avec la complicité de plusieurs candidats
qui serviront d’appoint.
Un beau spectacle d’une assemblée qui aura entre autres la charge
de gérer les affaires du pays avec le contrôle strict d’un exécutif à sa solde. Épargnez s’il vous plait aux tunisiens que leur révolution enfante d’un
monstre.
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