Une multitude de questions taraudent voire persécutent le
tunisien qui a cru trop vite que la Révolution va le débarrasser de Ben
Ali et consorts.
-Est-ce qu’avec le départ du dictateur une page de notre
histoire serait réellement tournée ?
-Est-ce que tous ceux qui avaient pour tâche d’asseoir la
mainmise du pouvoir déchu sur tous les rouages de l’Etat verraient la fin de
leur mission ou même payer leur tribut et particulièrement ceux qui au lieu de
servir, ils se sont magistralement servi ?
-Est-ce aussi par hasard que ceux qui avaient accepté le
compromis n’eussent pas été dans la compromission ?
Certaines réponses à ces questions et à bien d’autres
commencent à tomber comme des couperets. Jugez-en.
Après l’euphorie des élections, les choses sérieuses
commencent et la formation du gouvernement nous réserve son lot de surprises
mais surtout d’inquiétudes. Lors de la campagne pour l’ANC le duo de la
Troika-CPR-Ennahdha a multiplié les promesses de couper court avec le passé-ses
ténors-ses méthodes-ses certitudes…
Il est vrai que les promesses n’engagent que les gens qui y
croient. A l’arrivée c’est le Tunisien qui se retrouve en rupture avec le
présent et même avec l’avenir. L’examen des dernières nominations dans les
postes névralgiques de l’appareil de l’Etat nous renseignent que le Tunisien a
été pris pour niais et même pour un amnésique. Une insulte à son intelligence. L’alliance
au pouvoir a brisé le rêve de voir la Tunisie enterrer à jamais le passé de 23
ans de népotisme, clientélisme et de pouvoir illimité de tortionnaires. Pour
preuve, Habib Essid nommé conseiller auprès du ministre de l’Intérieur, n’était-il
pas responsable de la réponse musclée des forces de sécurité lors de la Kasbah
3, opération naguère dénoncée pour méthodes brutales par le Mr le président
provisoire actuel de la République. Moncef Ajimi, toujours en activité au sein
du Ministère de l’Intérieur sur lequel portent des soupçons de participation à une tuerie à Thala et Kasserine et la répression du bassin minier en 2008. Il
est vrai qu’il bénéficie actuellement de la présomption d’innocence.
Les Tunisiens qui ont voté et porté ces deux formations au
pouvoir peuvent à cet effet apprécier maintenant l’étendue de leur geste lorsqu’ils
ont mis le bulletin dans l’urne le 23 octobre.
Sur un autre plan, les nominations se suivent et ne se ressemblent
pas. Les dernières en date sont celles du secteur médiatique. A quelques
exceptions près nous assistons au retour des fils de Ben Ali et de la régente
de Carthage et même des défenseurs du RCD.
-Mongi Gharbi en tant que directeur de la rédaction du journal
La Presse, lui qui avait au moins 7 raisons lorsqu’il avait appelé à voter BenAli.
-Faouzia Mezzi, directrice elle aussi de la rédaction du
même journal qui auparavant louait les grands mérites de Leila Ben Ali.
-Imen Bahroun directrice de la deuxième chaine nationale adepte et défenseur du parti unique RCD.
Je vous conjure de reconnaitre que nous sommes aujourd’hui
témoins d’une grande farce d’un humour très noir. C’est un jeu très pernicieux.
Nous assistons bel et bien à l’instauration des mêmes méthodes et pratiques que
nous croyons bannies à jamais. Tout cela n’augure rien de bon.
Indignation, déception et surprise telles ont été les
réactions du SNJT et l’INRIC.
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